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Député wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Orientation des élèves du secondaire

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – Il n’est pas toujours facile pour nos jeunes de trouver leur vocation ou pour leurs parents de les accompagner dans ce choix. Face à l’étendue de l’offre de formations et d’études, à l’émergence de nouveaux métiers et à la recherche de sens que soulèvent ces questions, la problématique de l’orientation occupe beaucoup les esprits en fin de scolarité.

Un avant-projet de décret du gouvernement fait l’objet de concertations après avoir été approuvé en première lecture. Le texte actuellement en préparation prévoit que les activités d’orientation devront représenter un volume minimum de 128 périodes, à répartir sur les trois premières années de l’enseignement secondaire – qui correspondent à la fin du tronc commun. Il est prévu que la moitié au moins de ces heures soient dédiées à des activités spécifiques, organisées avec des acteurs extérieurs et des partenaires: découvertes de métiers, rencontres avec des professionnels, stages, etc. Le restant des heures devrait être dédié à des apprentissages dans le cadre des cours habituels. L’ensemble de l’équipe pédagogique serait donc partie prenante à cette nouvelle initiative.

Madame la Ministre, les syndicats ont exprimé un certain nombre de craintes face à l’inflation des missions incombant aux équipes pédagogiques dans le cadre des réformes du Pacte pour un enseignement d’excellence, sans que soient dégagés de moyens additionnels. Que leur répondez-vous?

Dans l’avant-projet, ces activités ciblent spécifiquement le début de l’enseignement secondaire. On comprend l’intérêt de ces années pour préparer à l’aprèstronc commun. Cependant, certains acteurs estiment qu’il eût été plus efficace de démarrer plus tôt dans la scolarité, afin d’ouvrir réellement le champ des possibilités aux élèves. Comment justifiez-vous ce choix, eu égard aux préférences exprimées entre autres par les syndicats, sans, bien sûr, remettre en cause le tronc commun?

On sait l’importance de l’école pour limiter les effets d’orientation liés à l’origine sociale: comment ce dispositif permettra-t-il de lutter efficacement contre ces déterminismes? Les écoles seront-elles tenues, par exemple, d’organiser un large champ d’activités d’orientation? On pense par exemple à certaines écoles fréquentées par des familles de catégories socioprofessionnelles supérieures, qui pourraient hésiter à organiser des activités techniques ou manuelles. J’étais moi-même en latin-grec et j’aurais adoré pouvoir suivre des activités d’orientation beaucoup plus manuelles, ancrées dans l’action et le concret.

Enfin, le fait d’organiser cette orientation alors que l’école de l’après-tronc commun n’est pas encore définie est-il judicieux, voire même possible?

Réponse

Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Nous avons effectivement terminé les négociations et les consultations relatives à cet avant-projet de décret. Il est toujours un peu particulier de parler d’un dossier qui doit encore suivre son parcours réglementaire. En l’occurrence, à ce stade, le dossier dont il est question doit encore être déposé pour une deuxième lecture au gouvernement.

Il me semble cependant utile d’apporter quelques précisions pour répondre à vos différentes questions. D’abord, concernant la pertinence d’un dispositif pour le degré inférieur de l’enseignement secondaire alors que l’après-tronc commun n’a pas encore vu le jour, tout porte à croire que les principales filières existeront encore. Elles se présenteront peut-être sous des formes légèrement différentes, mais ne devraient pas changer radicalement.

En revanche, les attendus du tronc commun accompagnés de leur référentiel sont déjà clairement définis. L’un de leurs objectifs est de faciliter le choix des élèves au sortir du tronc commun. Il faut donc, dès à présent, développer une culture de l’orientation. Il est vrai que ces dispositions ne bénéficieront d’aucun budget spécifique et s’appuieront en partie sur des dispositifs existants, notamment en matière de tâches à confier à des délégués. Le Pacte pour un enseignement d’excellence prévoit cependant des budgets pour les missions collectives.

Cet avant-projet de décret concrétise la Déclaration de politique communautaire (DPC). L’approche éducative de l’orientation est un processus qui s’inscrit dans une logique spiralaire. Rien n’empêchera que d’autres dispositifs soient constitués par la suite à la lumière de celui en cours d’élaboration, si celui-ci est accueilli favorablement par le Parlement.

Enfin, je me veux rassurante: nous avons fait en sorte que ce texte comporte des balises relatives à la diversité des activités et à la lutte contre les stéréotypes. Nous avons également veillé à ce que le dispositif soit parfaitement en phase avec les objectifs, principes et visées du tronc commun. Il ne sera donc pas question de modifier les référentiels. Les élèves bénéficieront tous du parcours commun d’apprentissage prévu jusqu’à la fin de la troisième année de l’enseignement secondaire.

Réplique

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – Madame la Ministre, l’objectif est en effet d’aider les élèves à poser un choix positif, et non de relégation, par défaut, pour l’après-tronc commun. Les filières plus professionnelles et plus manuelles seraient ainsi un véritable choix de cœur, et non plus induit par le système.

Vous avez rappelé toute l’importance de la lutte contre les stéréotypes; je vous rejoins. J’ajoute qu’il faut ancrer ces activités d’orientation dans la recherche de sens qu’ont les jeunes. Je pense en particulier aux nouveaux métiers qui émergent dans la transition, l’alimentation, la paysannerie. Dans ma région, par exemple, ces métiers sont porteurs de sens pour de nombreux jeunes. Nous devons pouvoir «sortir du cadre» et ancrer cette idée le plus concrètement possible pour les élèves.

Date de la question parlementaire
Ministre
Caroline Désir