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Député wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Exposition de certains élèves à la pornographie et réaction des écoles

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – Dans le courant du mois de décembre, certains articles de presse ont souligné la présence excessive des réseaux sociaux à l’école, l’exposition des certains enfants à la pornographie et le fait que les écoles sont désemparées face à ce phénomène

Dans un courrier envoyé aux parents, la direction d’une école primaire bruxelloise a tiré la sonnette d’alarme sur les dérives liées à un usage problématique du numérique et à la consultation de certains sites destinés à un public adulte. Il est aussi question de groupes en ligne pour insulter d’autres élèves et de partage d’images à caractère pornographique entre enfants. L’omniprésence d’internet impacte le vivre ensemble dans les écoles, et ce, dès le plus jeune âge.

Dans son ouvrage «Parlez du porno à vos enfants avant qu’internet ne le fasse», l’autrice Anne de Labouret avance que 90 % des élèves de sixième année primaire ont déjà été exposés à du contenu pornographique. Cela démontre qu’il est nécessaire de généraliser les animations d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), comme nous l’avons voté à la fin de 2023.

Madame la Ministre, quels sont les retours des opérateurs de terrain sur cette problématique? Les directions et les enseignants sont-ils souvent confrontés à des comportements à caractère sexuel, tels que décrits dans les articles de presse? Quelle évolution observez-vous à cet égard?

Ces faits nous rappellent que l’école est un acteur fondamental s’agissant de l’éducation et de la prévention en matière relationnelle, affective et sexuelle. Le dispositif adopté en 2023 était indispensable, mais n’est sans doute qu’un premier jalon au regard de l’ampleur du chantier. Outre l’organisation, dans chaque école et pour chaque élève, d’animations EVRAS, comment les écoles sont-elles outillées pour réagir à la survenance des cas les plus extrêmes, comme des comportements problématiques de nature sexuelle chez de jeunes enfants?

Enfin, je reviendrai une fois encore sur la campagne de Yakapa relative à l’exposition aux écrans. Au regard des faits relatés, on comprend l’intérêt à faire part de cette campagne à chaque parent et à chaque famille. Comment mieux la diffuser, pour l’ancrer comme référence au sein des familles?

Réponse

Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Les animations EVRAS apportent aux élèves des clés pour se respecter soi-même, pour comprendre la notion de consentement et pour se forger un esprit critique. Des outils sont disponibles pour expliquer en quoi la pornographie en tant que fiction est porteuse de stéréotypes et vise à représenter la sexualité sous une forme qui ne correspond pas à la réalité. L’importance qu’ont ces formations – dont je me réjouis de la généralisation – est visible sur le terrain.

Bien que je n’aie pas été informée de situations comme celles que vous me rapportez, nous pouvons supposer que les équipes éducatives sont confrontées à des cas similaires. À cet égard et complémentairement aux animations EVRAS auxquelles les directions peuvent toujours faire appel, les enseignantes et les enseignants peuvent utiliser des outils provenant d’opérateurs publics, comme la brochure «Cybersexualité et internet» élaborée par l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) ou encore la brochure du Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM) intitulée «Comment le web influence-t-il la vie affective et sexuelle des jeunes?». Yapaka, le programme transversal de la prévention de la maltraitance en Fédération Wallonie-Bruxelles, dispose également de nombreuses références destinées aux professionnels et partagées chaque année à l’occasion des ateliers organisés par la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO).

Les cas plus extrêmes que vous mentionnez doivent en revanche bénéficier d’un regard porté par des professionnels formés et outillés à cette fin. Pour les équipes éducatives, l’interlocuteur prioritaire dans l’école est le centre PMS ou le service de promotion de la santé à l’école (PSE). Après concertation et si la nature de la situation l’exige, une collaboration peut être nouée avec des services spécialisés comme les équipes SOS enfants ou le conseiller de l’aide à la jeunesse. Cette procédure est strictement balisée depuis 2014 par le protocole de collaboration entre les centres PMS et les acteurs du secteur de l’aide à la jeunesse.

Date de la question parlementaire
Ministre
Caroline Désir