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Député wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Lutte contre l'antisémitisme dans les écoles

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – Le 10 décembre 2023, à Bruxelles, une manifestation contre l’antisémitisme a rassemblé quelque 4 000 participants inquiets de voir resurgir ce fléau dans la sphère publique. Quelques jours plus tôt, les membres du projet Jeunes contre l’antisémitisme (JCA) ont tenu une conférence au cours de laquelle les orateurs ont formulé une série de recommandations concernant directement l’enseignement obligatoire: la formation des futurs référents «climat scolaire» à la culture juive et à la lutte contre l’antisémitisme; l’octroi d’une possibilité de congé pour les fêtes religieuses en Fédération WallonieBruxelles; la formation des enseignants au racisme et à l’antisémitisme durant leurs études et tout au long de leur carrière; la formation des professeurs d’éducation à la philosophie et la citoyenneté (EPC) à la culture juive et à l’antisémitisme; l’initiation à la culture juive et au concept d’antisémitisme dans les cours d’EPC, au même titre que l’islam et que le christianisme; l’introduction dans le programme scolaire d’initiations aux différentes cultures minoritaires présentes en Belgique. Ils ont également suggéré que la Shoah soit enseignée selon l’idéologie des bourreaux, les mécanismes de haine et le fonctionnement de l’extrême droite pour mieux les déconstruire, ainsi qu’une participation de l’Observatoire de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse (OEJAJ) et de l’Observatoire du climat scolaire dans la collecte des données relatives à l’antisémitisme. Enfin, ils ont exprimé le souhait d’un renforcement des références à l’interculturalité et à la lutte contre les discriminations dans les futurs décrets relatifs aux organisations de jeunesse

Avez-vous pris connaissance de ces recommandations? Envisagez-vous des mesures à partir de celles-ci? Par ailleurs, le nouveau référentiel du cours d’EPC n’aborde ni l’antisémitisme ni le racisme en général. Or, n’est-ce pas l’endroit idéal pour déconstruire les mécanismes de haine envers une communauté? De manière générale, quels outils proposez-vous aux écoles pour lutter contre l’antisémitisme?

Réponse

Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Monsieur le Député, mon cabinet a reçu l’équipe du CEJI (A Jewish Contribution to an Inclusive Europe) et j’ai effectivement pris connaissance de son état des lieux. J’ai sollicité l’UNESCO et l’Union européenne en vue d’établir un partenariat à long terme basé sur le soutien à un cycle pérenne de formation continuée et sur l’implémentation de ressources destinées aux équipes pédagogiques. Elles porteront notamment sur l’étude de la culture juive et répondront en cela à une partie des recommandations formulées. Ce partenariat renforcera les nouvelles orientations poursuivies par la réforme des référentiels du tronc commun, qui accorde une place spécifique aux discriminations et prévoit, dans le référentiel de formation historique, géographique, économique et sociale, que la Shoah soit étudiée par l’ensemble des élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles dès la troisième année secondaire.

Le référentiel de l’EPC, quant à lui, comporte un axe important relatif à la lutte contre les discriminations au sens large qui permet notamment d’aborder le racisme et l’antisémitisme, même si l’une ou l’autre de ces notions n’est pas explicitée comme telle. En effet, le parti pris du groupe rédactionnel de ces référentiels consistait à prendre le concept le plus englobant – la discrimination – sans aller plus loin dans la définition de certains concepts afin de pouvoir aborder ces questions aussi bien dans le cadre des cours d’EPC de l’enseignement officiel que de manière transversale dans l’enseignement libre confessionnel.

Je rappelle que plusieurs formations destinées aux enseignants sont d’ores et déjà organisées à l’Institut interréseaux de la formation professionnelle continue (IFPC). Elles visent à renforcer la conscientisation des stéréotypes et préjugés. L’une de ces formations est d’ailleurs organisée par le CEJI lui-même depuis plusieurs années. Elle offre des outils et des méthodes participatives afin de mieux comprendre le judaïsme et les manifestations contemporaines de l’antisémitisme. Je rappelle également que les équipes éducatives peuvent trouver plus de 150 ressources traitant de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme ou la xénophobie sur la plateforme pédagogique en ligne e-classe. Enfin, il convient de ne pas oublier l’exercice du devoir de mémoire dans les écoles, ainsi que le travail de coordination pédagogique effectué par la Cellule «Démocratie ou barbarie», qui a également pour mission de faire connaître et d’organiser des expositions, des dossiers pédagogiques ainsi que des journées d’étude au bénéfice des enseignants et des élèves.

Réplique

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – Toute forme de radicalisation ou de haine contre une communauté doit être combattue, a fortiori dans les écoles. Chaque effort de formation ou de sensibilisation pour lutter contre le racisme et pour créer des ponts entre les cultures mérite d’être entrepris. Concernant le référentiel des CPC, je note que c’est le concept global de lutte contre la discrimination qui a été privilégié. Je m’étonnais que le racisme n’y soit pas abordé. Il faudrait peut-être faire part de cette réflexion au groupe de travail sur les référentiels en vue d’un éventuel enrichissement. Quoi qu’il en soit, Madame la Ministre, votre réponse détaillée montre votre préoccupation à ce sujet.

Date de la question parlementaire
Ministre
Caroline Désir