Aller au contenu principal
Député wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Publication de Yapaka sur l'apprentissage au dehors

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – L’école du dehors m’inspire, comme de nombreux enseignants. Bien sûr, le choix de cette méthode relève de la liberté pédagogique des écoles, mais cela ne doit pas vous empêcher, Madame la Ministre, d’encourager des pratiques qui répondent à une demande et à des questions de plus en plus prégnantes comme la biodiversité

Yapaka, le programme transversal de prévention de la maltraitance de la Fédération Wallonie-Bruxelles, vient de sortir une intéressante publication intitulée «Le dehors, un terreau fertile pour grandir». Cette publication permet d’expliquer l’intérêt de l’apprentissage au-dehors: il ne s’agit pas seulement d’aller dehors pour parler de nature ou de développement durable, mais de faire dehors des apprentissages «classiques», comme les mathématiques, la géométrie, les langues, etc. Le plein air permet à l’enfant de vivre, de ressentir les apprentissages d’une manière incarnée, qui permet d’appréhender les savoirs et de les ancrer de manière plus durable. Je me suis rendu dans une de ces écoles et le enfants me disaient que, très précisément et à tel lieu, ils avaient appris telle et telle chose. C’est vraiment une manière de vivre l’apprentissage.

L’éducation en plein air favorise une vision globale de l’enfant. Or, cette vision holistique est parfois affaiblie par les pédagogies classiques qui ont tendance à envisager l’enfant dimension par dimension. Bon nombre d’enfants et d’enseignants ne se retrouvent pourtant plus dans cette représentation qui considère l’élève comme une tête qui assimile des savoirs sur un corps immobile dans une classe bien rangée et silencieuse. En outre, la pédagogie du dehors est transversale puisqu’elle décloisonne et permet de mettre en lien les différentes matières approchées. Elle convient à tous les enfants, notamment à ceux qui sont en difficulté dans un système d’enseignement qui met la priorité sur le cognitif et les savoirs au détriment du sensoriel, du moteur et de l’émotionnel.

La pédagogie du dehors privilégie l’educare, pratique qui rassemble à la fois les dimensions liées aux apprentissages et les dimensions affectives et du soin, particulièrement prégnantes chez les plus jeunes. En favorisant l’expression des intelligences multiples et le déploiement des compétences singulières de chacun, la pédagogie du dehors pourrait contribuer à la lutte contre le décrochage scolaire et l’orientation parfois trop rapide vers l’enseignement spécialisé.

L’école du dehors s’inscrit dans le cadre de l’accord de coopération entre la Communauté française, la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale relatif à l’éducation à l’environnement, à la nature et au développement durable. Dans ce cadre, un appel à projets a été lancé en 2022 à l’initiative de la ministre Tellier. Quel est le bilan de cet appel? Quels sont les prochains développements prévus en ce qui concerne l’école du dehors par le biais de l’accord de coopération? Avez-vous prévu de mettre des moyens au service de cette école du dehors? Alimentation durable, éducation à l’environnement, école du dehors: les sujets que recouvre cet accord de coopération commencent à être nombreux et à prendre de l’importance. Ne serait-il pas intéressant de réunir le comité de suivi plus régulièrement? Êtes-vous en contact avec la ministre de l’Enseignement supérieur afin d’intégrer ces pratiques pédagogiques bénéfiques dans la formation initiale des enseignants et enseignantes?

Enfin, en ce qui concerne la formation continue, vous me disiez en réponse à ma dernière question que le Conseil de la formation professionnelle continue (CoFoPro) avait confirmé le besoin de formation sur ces thématiques pour développer de nouveaux modules ces prochaines années. Vous avez ajouté que le travail en cours vise au soutien et au déploiement de la pratique des écoles du dehors qui cherchent encore à se structurer. Où en est le travail en cours? Comment les écoles du dehors pourraient-elles se structurer et se déployer davantage?

Réponse

Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Monsieur le Député, comme vous, j’ai eu le plaisir de prendre connaissance de la dernière publication de Yapaka relative aux écoles du dehors. Depuis le début de mon mandat, je me rends sur le terrain afin d’apprécier l’engouement des écoles investies dans cette approche pédagogique. Pour rappel, l’objectif général de l’accord de coopération est de promouvoir et de développer l’éducation et la sensibilisation relative à l’environnement, à la nature et au développement durable. En réalité, plusieurs instances se réunissent de manière régulière, comme le comité de pilotage de l’accord de coopération. Il réunit des représentants des différents services de l’Administration générale de l’Enseignement (AGE), de la Région wallonne ainsi que de la Région bruxelloise. Le délai de six mois entre deux réunions de ce comité permet aux groupes de travail de faire avancer les projets ou de permettre au comité scientifique et pédagogique de valider des outils spécifiques.

Concernant les moyens dégagés pour soutenir les impulsions de cet accord de coopération, il me paraît utile de rappeler que nous renouvelons chaque année un appel à projets relatif à la démocratie scolaire dont un pan est consacré à la question des enjeux climatiques et environnementaux. Il en va de même avec l’appel à projets lancé l’an dernier et relatif aux cours de récréation dont un volet permettait de soutenir la végétalisation des espaces extérieurs d’une école. La plateforme de ressources pédagogiques e-classe reprend également un maximum de propositions dans ce domaine, pour soutenir les séquences d’apprentissage qui permettent cette sensibilisation à l’environnement.

Plusieurs services de l’administration s’investissent également pour œuvrer à l’ensemble des axes du plan d’action 2021-2024 qui entend opérationnaliser l’accord de coopération. Ainsi, le secrétariat général du ministère prend en charge le plan transversal de transition écologique, qui consiste à sensibiliser le milieu scolaire et universitaire, à former les enseignants lors de la formation initiale et continue, à développer des outils pédagogiques, à intégrer des enjeux climatiques dans le cursus des études et à adapter des cursus de formation aux métiers techniques. L’AGE a soutenu la rédaction et la mise en œuvre des nouveaux référentiels et bientôt celle du document transversal de l’éducation relatif à l’environnement et au développement durable que j’ai évoqué dans ma réponse à la question précédente.

À la Direction d’appui, un chargé de mission s’occupe du suivi des dossiers relatifs à l’éducation, à l’environnement et au développement durable, ainsi que de la coordination de l’information avec les autres administrations. En plus des subventions dédiées à chaque établissement scolaire, ces écoles associées au projet «Éducation relative à l’environnement et au développement durable» sont soutenues par l’UNESCO en partenariat avec BeGlobal et Enabel. Je ne dispose pas d’un bilan concernant l’appel à projets relatif à l’école du dehors, qui a été lancé en 2022 à l’initiative de la ministre Tellier, mais j’ose penser que cela suivra.

Réplique

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – Il y a un foisonnement d’actions qui vont dans le même sens et qui sont couvertes par cet accord de coopération. Une montée en puissance de ces actions est de facto en cours. Je ne sais pas s’il est utile que le comité se réunisse plus souvent, mais il serait intéressant que l’on prenne plus directement connaissance des débats qui s’y déroulent et que ces derniers soient regroupés de manière plus lisible. En tant que député intéressé par l’enseignement, il n’est pas toujours simple de retrouver le fil de ces actions. Une coupole structurante serait nécessaire

Date de la question parlementaire
Ministre
Caroline Désir