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Député wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Déclarations de Mme la Ministre quant à la réforme des cours philosophiques

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – Madame la Ministre, dans un entretien au journal «Le Soir» paru le 26 août, vous avez fait part d’un renoncement surprenant concernant la réforme des cours philosophiques: «On n’y arrivera pas». Vous épinglez trois raisons: le problème de l’emploi des enseignants de cours philosophiques; le souci de garantir que les cours philosophiques continuent à être offerts de manière accessible aux élèves qui en feraient le choix; il vous manquerait une majorité politique.

Je comprends bien entendu les deux premiers problèmes, qui avaient d’ailleurs été abordés dans une résolution parlementaire. Toutefois, je souhaite savoir plus précisément en quoi ils vous empêchent d’avancer dans le respect de la Constitution et du choix des familles, et dans le respect de la résolution parlementaire adoptée fin 2021. Quelles solutions proposez-vous pour garantir que les enseignants concernés puissent se former à la neutralité et suivre les formations adéquates pour être chargés des cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (EPC)? En quoi ces solutions n’ont-elles pas été suffisantes? À combien s’élève le nombre d’enseignants qui ne pourraient pas être satisfaits par une telle évolution? Au niveau de la grille horaire, quelles sont vos propositions pour organiser les cours philosophiques?

Le troisième problème, à savoir le manque d’une majorité, demeure. Pourtant, la résolution parlementaire donne une assise politique à une réforme. Ce point at-il été abordé au sein du gouvernement pendant l’été, avant votre interview dans la presse? Avez-vous dû acter un rejet, par vos partenaires, des propositions que vous envisagiez? À présent, comment le gouvernement compte-t-il répondre à cette résolution parlementaire? Un abandon pur et simple me semble contradictoire avec la résolution et, pour tout dire, problématique.

Réponse

Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Monsieur le Député, le gouvernement m’avait chargée d’entamer des concertations informelles avec les acteurs institutionnels de l’enseignement, les collectifs d’enseignants des cours convictionnels et d’EPC et le Conseil consultatif supérieur des cours philosophiques, sur les aspects de la réforme à approfondir ainsi que sur son calendrier et ses modalités d’application et, le cas échéant, sur la base des résultats de ces concertations, de lui présenter un avant-projet de décret.

Ce n’est pas de gaîté de cœur que j’ai dû me rendre à l’évidence et considérer qu’il ne serait pas possible de déposer un texte durant cette législature. Je me suis saisie du dossier en tentant de trouver la réponse la plus aboutie au texte parlementaire qui avait été défini. En effet, les balises fixées par le Parlement, à savoir généraliser le cours d’EPC à deux périodes, sans provoquer d’impact budgétaire, tout en garantissant des conditions correctes pour les cours convictionnels, ne sont pas des plus simples à rencontrer.

Force est de constater que les scénarios identifiés comme pertinents par le gouvernement n’ont pas permis de dégager le consensus indispensable entre les acteurs pour porter une telle réforme dans un calendrier de fin de législature. Les concertations à poursuivre concernent des aspects relatifs à l’emploi et au statut des membres du personnel, à l’organisation des écoles ou encore aux modalités pratiques d’organisation de l’heure optionnelle pour assurer son accessibilité aux familles et elles ne peuvent en effet pas être finalisées dans des délais compatibles avec la durée du processus législatif.

Il aurait été contre-productif de mener une telle réforme à la hussarde, sans rassurer au maximum les membres du personnel des cours convictionnels sur leurs perspectives d’avenir et sans donner des garanties aux familles qui le souhaitent que leurs enfants pourront toujours suivre un cours convictionnel accessible. Pourtant, ma priorité reste de consolider l’EPC, dont l’utilité demeure évidente, plus encore avec la réforme des référentiels du tronc commun et les multiples champs transversaux. Le schéma actuel d’une heure plus une heure ne facilite pas son déploiement et la configuration actuelle avec les cours convictionnels demeure compliquée pour les élèves, mais aussi pour les membres du personnel. Les représentants des cultes que j’ai reçus voici quelques jours en ont également convenu.

Toutefois, Monsieur Florent, je vous rassure: la résolution parlementaire n’est pas marquée par une quelconque forme d’obsolescence programmée. Si les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien cet ambitieux projet au cours de cette législature, la prochaine Déclaration de politique communautaire (DPC) ne pourra en faire l’économie. De mon côté, je poursuis les travaux pour continuer à faire mûrir le dossier et laisser les éléments les plus constructifs possibles aux négociateurs du prochain gouvernement.

Réplique

M. Jean-Philippe Florent (Ecolo). – Je déplore l’échec de cette négociation qui ne permet pas de consolider ce cours d’EPC. Les balises longuement étudiées, notamment lors des auditions des nombreux acteurs du secteur, ont constitué une base solide et équilibrée par rapport aux positions des uns et des autres. Comme vous, je pense qu’il s’agit de la meilleure voie pour consolider le cours d’EPC. Je regrette que ce dossier n’aboutisse pas au cours de cette législature, mais j’ai la conviction que la négociation débouchera sur cette base pendant la prochaine législature.

Date de la question parlementaire
Ministre
Caroline Désir