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Député wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

La stratégie de sortie du gaz fossile à l'horizon 2050

Monsieur le Ministre, l’action 241 du PACE prévoit d’établir pour le 30 juin 2023 au plus tard, en concertation avec les parties prenantes, une stratégie de sortie du gaz fossile sur la base d’un calendrier à l’horizon 2050, avec des objectifs de réduction progressive d’ici 2030 et d’ici 2040. De plus, le PACE prévoit que l’évolution du réseau de distribution devra tenir compte de la disponibilité prévisible du gaz d’origine renouvelable, tel que le biométhane ou l’hydrogène, ainsi que des réductions de la consommation. La stratégie visera « la diminution progressive de la part du gaz fossile dans le mix et mettra en place des incitants au développement technologique et industriel des gaz renouvelables ou bas carbone et nouveaux vecteurs ». Vous aviez sollicité la CWaPE dans le cadre de la phase de consultation technique des parties prenantes organisée au sujet de la stratégie de sortie du gaz fossile à l’horizon 2050. Celle-ci a remis ses conclusions. Elle rappelle l’importance du réseau et de son maintien en bon état. Il peut être utilisé pour acheminer progressivement une part croissante de gaz non fossile. Elle appelle, d’une part, à assurer la maintenance et la sécurité de l’outil, et d’autre part, à permettre au réseau de s’adapter aux sources de gaz qui seront amenées à se diversifier et à se relocaliser. Le PACE prévoit que la stratégie de sortie du gaz fossile soit définie au plus tard pour la fin juin. Quel est l’état d’avancement de la stratégie ? Quels délais pouvons-nous espérer ? Quelles actions ont-elles déjà été mises en œuvre ou sont-elles à mettre en œuvre d’ici la fin de la législature pour se diriger vers cette réduction des gaz fossiles ? La CWaPE met en lumière le rôle du biogaz avec un potentiel de l’ordre de 8,3 térawattheures pour la Région wallonne. La FUGEA demande aussi la mise en place d’un guichet énergie pour le secteur agricole, pour lui permettre de lancer des projets qui allient production agricole et production énergétique. Avez-vous entamé une réflexion en ce sens avec votre homologue du Gouvernement ? Quelle place réserver aux réseaux existants ? Quid de la réduction du développement de l’entretien ? Enfin, dans son analyse, la CWaPE argumente qu’une analyse des impacts sociaux, économiques, environnementaux et géostratégiques est essentielle avant de prendre des positions irrémédiables, celle-ci est-elle prévue ?

Réponse

M. Henry , Ministre du Climat, de l’Énergie, de la Mobilité et des Infrastructures. – Monsieur le Député, conformément au PACE, nous avons en effet mené une phase de consultation technique écrite large auprès des différentes parties prenantes au sujet de la Stratégie de sortie du gaz fossile à l’horizon 2050, mais qui s’intègre également dans le PACE 2030. Nous avons reçu 21 contributions d’acteurs représentant différents secteurs et perspectives, des fournisseurs et gestionnaires de réseau, des représentants des secteurs renouvelables et industriels de la construction ou encore des représentants des employeurs, des pouvoirs locaux et ONG environnementales. Les résultats de la consultation ont fait l’objet d’une analyse systématique qui fait ressortir les principales tendances, tant les orientations consensuelles que les points de divergence. Ce travail a permis d’affiner les points d’arbitrage essentiels à trancher par le Gouvernement, ainsi que les éléments nécessitant des échanges et études complémentaires. Sur la base de ce travail, j’ai identifié une série d’orientations concrètes pour la Stratégie wallonne de sortie du gaz fossile à l’horizon 2050. Celle-ci doit s’inscrire dans la logique de transition énergétique telle que reflétée dans le PACE 2030. L’efficacité énergétique en priorité, ensuite l’électrification des usages et, finalement, l’utilisation de molécules décarbonées. Il faut donc développer le gaz issu du renouvelable, même si le potentiel de celui-ci n’atteindra pas la quantité de gaz naturel actuel. Il est important que nous continuions de travailler sur l’ensemble des vecteurs pour en tirer le plus grand potentiel dans les usages les plus pertinents. Le chauffage est par excellence le besoin qui peut être le plus aisément assuré par d’autres sources renouvelables que le gaz. Le solaire thermique, l’isolation poussée des bâtiments et le recours à des pompes à chaleur électrique, de préférence eau/eau, ou encore à des chaudières et poêles à biomasse efficaces, ainsi que des réseaux de chaleur sont toutes des combinaisons qui peuvent être particulièrement efficaces selon les situations locales. 3 44 Le transport devrait se partager essentiellement entre l’électricité, pour les transports en commun et véhicules individuels, et l’hydrogène, pour les camions. Enfin, les industries, particulièrement celles dont les processus nécessitent de hautes températures et celles qui requièrent du méthane comme matière première chimique devront pouvoir recourir au gaz issu du renouvelable. Afin de développer une stratégie complète et équilibrée, je vais donc revenir vers les parties prenantes pour des échanges, y compris en mettant les différentes perspectives autour de la table. En effet, comme vous l’avez relevé via l’avis de la CWaPE – c’est rejoint par d’autres –, il s’agit d’un sujet hautement stratégique et complexe qui nécessite de trouver un équilibre au vu des impacts attendus sur différents aspects. C’est ce que nous faisons notamment en travaillant de front sur de nombreux dossiers connexes. Nous prévoyons donc de consolider la stratégie avec les conclusions des travaux en cours dans d’autres dossiers, tels que la consultation des parties prenantes sur l’hydrogène, le transport et la capture de CO 2 , les critères de durabilité du gaz, les réseaux de chaleur, et cetera. Tous ces dossiers sont liés et sont autant d’actions que je mène pour anticiper et concrétiser la sortie des énergies fossiles à l’horizon 2050. Il va sans dire que l’ensemble de ma politique en énergie contribue également significativement à rendre possible la fin de la dépendance aux énergies fossiles. Je ne vais pas détailler tous ces dossiers que vous connaissez bien, mais les trois piliers sur lesquels j’ai énormément investi et qui vont se poursuivre jusqu’à la fin de cette législature, et au-delà, sont essentiels à notre transition énergétique, à savoir l’amélioration de l’efficacité énergétique et la réduction de la consommation d’énergie, principalement via la massification de la rénovation des bâtiments avec les primes augmentées simplifiées, les crédits à 0 %, l’alliance Climat-Emploi-Rénovation, et cetera. Deuxièmement, le soutien au déploiement du renouvelable de tout type : éolien, photovoltaïque, géothermie, et cetera. Troisièmement, la préparation des réseaux à l’électrification, notamment via les subsides octroyés aux GRD pour la smartisation.

Réplique

Merci pour cette réponse complète. On se rend compte que cette thématique de la fin des gaz fossiles est à la croisée d’un très grand nombre d’évolutions technologiques et sociétales. Je vous reposerai sans doute plus tard – après la rentrée – la question de l’état d’avancement de cette stratégie « Sortie des dégâts fossiles ».

Date de la question parlementaire
Ministre
Philippe Henry

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