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Député wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

La protection des faons lors du fauchage

Monsieur le Ministre, je ne vous apprends rien : la première période de fenaison vient de s'achever et, avec les faucheuses de retour dans les champs, de nombreux faons, nichés dans les hautes herbes, sont blessés ou tués accidentellement. Depuis deux mois, une association belge, qui s'appelle « Sauvons Bambi », la bien nommée, tente de prévenir ces accidents de faons à l'aide de drones. C'est un système relativement efficace qui détecte la présence de faons avant le fauchage grâce à une caméra thermique. Pour le moment, cette association travaille ponctuellement avec des agriculteurs de manière bénévole. Pour généraliser la pratique, comme c'est le cas notamment en Suisse, un appui financier serait nécessaire. En plus de la formation obligatoire du pilote de drone, un kit de base avec caméra thermique coûte 6 000 euros. L'association nécessiterait donc une aide publique ou privée, comme c'est le cas en Suisse. Notons que l'intér êt pour cette pratique ne se limite pas au bien- être animal et de la faune. Il y a également une question sanitaire pour l'agriculteur parce que le foin souillé par des restes de faons ou de renards peut provoquer le botulisme au sein du bétail qui ensuite s'alimente par ce fourrage. Vos services sont-ils en contact avec l'association « Sauvons Bambi » ? Une aide financière est-elle mise en place pour généraliser cette pratique ? Quel soutien public pourrait être envisagé de la part de la Région wallonne et avec quel encadrement pour cette nouvelle pratique en Région wallonne ?

Réponse

M. Borsus , Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences. - Madame et Monsieur les députés, mes services ont effectivement pu prendre connaissance de cette initiative intéressante en assistant le 23 juin dernier à une démonstration dans la région de Philippeville. Ils ont pu se rendre compte de l'efficacité de ce drone équipé d'une caméra thermique pour repérer des mammifères sauvages, comme les faons, mais aussi des oiseaux réfugiés dans des champs en passe d'être fauchés. L'outil semble au point et performant, à condition de travailler lorsque la température extérieure est relativement basse. La démonstration en question s'est d'ailleurs déroulée de grand matin, vers 6 heures. Il faut évidemment saluer l'initiative de ces passionnés engagés en faveur de la nature. Le machinisme agricole compte en effet parmi les causes de mortalité importantes de la petite faune de plaine – les jeunes chevreuils, et cetera – et il est reconnu en particulier que la fauche des prairies et des cultures fourragères a, sur celle-ci, un impact significatif qu'il est cependant difficile de quantifier précisément. Cette initiative est toute récente chez nous et, à ce stade, elle n'a pas encore donné lieu à des réflexions concernant un éventuel soutien public. J'y suis cependant ouvert, comme à un certain nombre d'analyses complémentaires. Comme l'a souligné l'un de ses promoteurs, il faudrait, comme en Suisse, qu'un véritable réseau regroupant de nombreuses personnes, par ailleurs pilotes ou susceptibles d'accompagner les pilotes de drone, puisse voir le jour pour avoir un effet significatif. Un opérateur et ses accompagnants ne peuvent en effet parcourir que quelques dizaines d'hectares par jour, pour autant que l'opérateur dispose d'un nombre suffisant d'équipements, de batteries, et cetera. Par ailleurs, les périodes d'utilisation des drones sont limitées. Pour pouvoir combiner tout cela avec les impératifs agricoles, cela demande un certain nombre de travaux complémentaires, d'analyses et de concertations. Si, comme en Suisse, un tel réseau pouvait s'organiser pour récolter des fonds et agir à large échelle, la question d'un soutien public à côté d'aides privées pourrait également se poser dans ce cadre. Toutefois, ce soutien ne saurait, à ce stade, être garanti, des choix devant être faits parmi les diverses initiatives entreprises en matière de protection de la faune. Personnellement, je trouve intéressant d'encourager des initiatives concrètes visant à la protection de la faune et de voir quels sont les différents dispositifs éventuellement existants. Par exemple, des dispositifs de mécanisation, adjoints aux outils utilisés par les agriculteurs, ou les machines utilisées par les agriculteurs, sont aujourd'hui opérationnalisables techniquement, technologiquement, économiquement. Il y a d'autres dispositifs encore. Par ailleurs, il y a aujourd'hui ce qui est mis en œuvre avec le soutien des méthodes agroenvironnementales, les outils d'encouragement pour permettre de créer à la fois des bandes refuges, des dispositifs spécifiques de fauche tardive, de maintien des prairies de haute valeur biologique ou bien des prairies naturelles. Les cahiers des charges des mesures agroenvironnementales prévoient le maintien de ces zones de refuge afin que les animaux puissent, comme le nom l'indique, échapper aux travaux de mécanisation agricoles et notamment à la fauche, des interdictions de faucher avant une certaine date, ce qui limite les interventions durant les périodes les plus dommageables, le dispositif des bandes aménagées, des tournières enherbées et également d'autres éléments qui sont davantage de nature à permettre de préserver partiellement la faune concernée. Je suis vraiment ouvert à ce type de réflexion et je partage totalement cette préoccupation. Je suis pr êt à poursuivre l’examen de ce qui a été mis en démonstration le 23 juin de dispositifs alternatifs et d'autres mesures pour poursuivre la rencontre de l'objectif que nous partageons tous.

Réplique

Merci, Monsieur le Ministre, pour cette réponse complète. Bien entendu, c'est un projet encore embryonnaire en Région wallonne qui est plus établi, avec un historique plus solide, dans d'autres pays. L'initiative pourrait également venir du Gouvernement et, pourquoi pas, via un appel à projets en vue de constituer ce réseau auprès des associations qui commencent à être actives, pour être aussi une voie pour aller dans ce sens. Une autre réflexion qui me vient, c’est de voir si le matériel agricole généralement utilisé ne pourrait pas ê tre également muni d’une caméra thermique de manière à pouvoir, sans usage de drones, détecter, si techniquement c'est possible, les renards, les lapins ou les faons avant le fauchage. Je pense que, là aussi, une réglementation sans doute européenne pour le matériel agricole serait utile. On voit donc que cette réflexion pour la faune et sa protection se met en place progressivement, et cela me réjouit.

Date de la question parlementaire
Ministre
Willy Borsus

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