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Député wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Le courrier adressé au Gouvernement sur l'organisation du transport scolaire pour les élèves fréquentant l'enseignement spécialisé

Monsieur le Ministre, le délégué général aux droits de l’enfant, la directrice générale de la Ligue des familles et le directeur d’Unia vous ont adressé un courrier sur « le calvaire de nombreux enfants de l’enseignement spécialisé qui recourent au transport scolaire et de leurs familles ». Vous le savez, certains enfants fréquentant des établissements spécialisés doivent faire des routes impossibles chaque matin et chaque soir pour se rendre à l’école. Le courrier relève des cas d’enfants devant faire deux heures de route en bus à l’aller et au retour, avec un accompagnement adéquat qui n’est pas assuré. Les TEC sont confrontés à la pénurie de chauffeurs et d’accompagnateurs. Ainsi le courrier relève que 145 circuits sur 895 sont organisés cette année sans accompagnateurs, laissant des enfants, souvent fragilisés, livrés à eux-mêmes. Le courrier avance plusieurs propositions à la veille du conclave budgétaire : injecter davantage de moyens dans ce service, avoir recours à des minivans qui peuvent être conduits avec un permis B, c’est-à-dire ne nécessitant pas le permis spécifique aux conducteurs de bus, étendre les contrats des transporteurs de 10 à 12 mois, améliorer les conditions de travail des accompagnateurs, et cetera. Les trois signataires évaluent à 16,5 millions d’euros l’investissement nécessaire pour la Wallonie. Avez-vous étudié ces demandes concrètes ? Les avez-vous budgétées ? Quelles réponses apportez-vous aux familles concernées ? Les TEC sont-ils en mesure de répondre aux demandes si le budget de 16,5 millions d’euros est débloqué ? Une limite raisonnable de temps de parcours ne devrait-elle pas être fixée de manière décrétale pour que ces enfants, déjà fragilisés, n’aient pas à subir de trop longs parcours ? Une réflexion en ce sens est-elle en cours ?

Réponse

M. Henry , Ministre du Climat, de l’Énergie, de la Mobilité et des Infrastructures. – Monsieur le Député, il est toujours bon d’objectiver la situation. Pour l’année scolaire 2022-23, sur les plus de 24 000 élèves transportés, les « cas extrêmes » – soit plus de 3 heures par jour dans un transport aller-retour – représentaient 1470 élèves, soit 6,4 %. C’est évidemment toujours trop, mais ce n’est pas tout le transport scolaire. Si l’on essaye d’être didactique, la réduction des temps de parcours du transport scolaire est un véritable défi, car il s’agit de coupler une demande de transport importante, soit plus de 24 000 élèves vers des établissements spécifiques – deux tiers à destination des élèves du spécialisé – disséminés sur le territoire wallon ; en tenant compte de la pénurie importante de chauffeurs. Cela signifie en pratique : - d’une part, que certains trajets sont incompressiblement longs, car le nombre de kilomètres à parcourir pour atteindre l’école est important ; - d’autre part, la pénurie de chauffeurs oblige à une plus grande concentration des élèves sur les circuits, ce qui a effectivement un effet négatif sur les temps de parcours. Quant à la mesure proposée d’utiliser des vans, elle a été analysée, cela existe déjà, mais ne paraît pas transposable de manière totale pour la Wallonie. Si on l’applique de manière égalitaire à tous les élèves, nous devrions au minimum doubler le nombre de circuits scolaires : un car scolaire comporte aujourd’hui en moyenne 22 places et un véhicule permis B ne peut pas excéder 8 + 1 places. En augmentant le nombre de circuits, on augmente le besoin en personnel accompagnant. De plus, il n’est guère envisageable d’affecter un accompagnateur dans ce type de véhicule, comme les taxis. La Wallonie disposant de plus d’élèves pris en charge que Bruxelles – et aussi d’élèves du spécialisé –, cette solution n’est pas possible pour toute une partie des élèves qui ont besoin de cet accompagnement. Cela aurait également pour conséquence une transformation du secteur wallon des transports de voyageurs par route qui ne pourrait s’opérer que sur une période longue, notamment pour permettre l’amortissement des véhicules déjà achetés. Est-ce souhaitable ? Le permis D, par exemple, apporte plus de garantie de professionnalisme et de sécurité aux élèves transportés. Sans parler de l’impact environnemental. Est-ce faisable ? Le transport scolaire en Wallonie présente une configuration différente des deux autres régions avec des pôles d’habitation ou d’enseignements moins concentrés qu’en Flandre ou à Bruxelles. Dans ces conditions, pour une grande partie du territoire wallon, la création de services de transport « Permis B » spécifiques augmentera de manière significative le budget. Le dernier exemple en date : un circuit taxi qui, potentiellement, coûterait 181 000 euros par an pour un seul élève. Le personnel accompagnant bénéficie d’un CDI après 50 mois de prestations, dispose d’un accès aux prestations du service social après 75 jours de prestation, d’un équipement de travail, de chèques- repas, d’une double allocation pour travaux pénibles et dangereux, de valorisation de prestations et d’une 55 PW – Session 2023-2024 – CRIC n° 19 – Énergie – Lundi 9 octobre 2023 comptabilisation individuelle de son temps de travail. Les agents sous CDI ont la possibilité de suivre plusieurs modules de formation en lien avec leurs activités professionnelles. Depuis cette année scolaire, et le changement des rythmes scolaires, les agents sous CDD ont également la possibilité de suivre des formations pendant les périodes où le bus scolaire ne circule pas. De plus, la présence renforcée de premiers assistants qui sont des encadrants de proximité du personnel d’accompagnement, C1, autorise à la fois un soutien de l’accompagnateur dès le premier jour de fonction, de manière régulière ensuite et selon les besoins. Vous le constaterez, améliorer le statut du personnel d’accompagnement est un processus continu et se doit de continuer en ce sens. Le rôle de l’OTW est d’assurer le transport du plus grand nombre. Répondre aux parents est fondamental. Cela ne signifie pas pour autant une obligation de répondre favorablement à toutes les demandes d’adaptation. Ce n’est malheureusement pas possible. Une véritable mesure pour réduire les temps de parcours est, par exemple, d’accepter des points de regroupement à maximum un kilomètre du domicile plutôt que de demander une prise en charge au domicile propre. Cela compte toutefois des inconvénients pour les parents. Il semble important de souligner que, aujourd’hui, le budget du transport scolaire s’élève à 62,4 millions d’euros. Sous cette législature, le Gouvernement wallon a investi près de 11 millions d’euros supplémentaires, afin de permettre notamment la renégociation des contrats. Sans compter l’octroi de 1 million d’euros destinés à diminuer les temps de parcours trop longs et les 1,5 million d’euros à destination des transporteurs afin de faire face à l’inflation. Pour améliorer la situation, ce Gouvernement a non seulement dégagé des moyens financiers importants pour le transport scolaire, mais a également augmenté de 10 % l’offre régulière de transport en commun. En parallèle, ce Gouvernement a aussi multiplié ses efforts pour lutter contre la pénurie de chauffeurs. C’est en multipliant ces initiatives, mais aussi en impliquant le monde de l’enseignement pour limiter les « zones blanches » sur le territoire que nous relèverons le défi de limiter les temps de parcours de nos élèves.

Réplique

Merci pour ces réponses. Je souligne ce que vous venez d’annoncer : 62,4 millions d’euros étaient déjà dévolus à cette politique et vous avez ajouté 13,5 millions d’euros pour améliorer la situation. Des efforts considérables sont ainsi faits. Vos services ont étudié la possibilité de recourir à des vans, mais, effectivement, ce n’est pas facilement praticable, du moins dans tous les cas. Une réforme de l’enseignement a eu lieu l’année dernière, qui n’a peut-être pas encore porté ses fruits, pour recourir moins à l’enseignement spécialisé lorsque l’inclusion est possible pour les enfants, ce qui permet aussi de diminuer les temps de trajet. Vous l’avez dit, certains temps de trajet sont incompressibles. Les écoles – typiquement en zone rurale – qui offrent de l’enseignement spécialisé sont parfois fort éloignées du domicile. ORGANISATION DES TRAVAUX (Suite) Interpellations et questions orales transformées en questions écrites

Date de la question parlementaire
Ministre
Philippe Henry

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