Les plans d'aménagement forestier en Wallonie
Madame la Ministre, le 12 décembre 2023, notre Parlement a voté une nouvelle prolongation de la date limite pour finaliser les plans d’aménagement forestier afin d’éviter la perte de certification PEFC à de nombreux propriétaires bénéficiant du régime forestier et qui ne disposaient pas encore d’un plan d’aménagement forestier pour tout ou pour partie de leur propriété. Rappelons que plusieurs crises successives – la crise porcine, la crise des scolytes, la crise sanitaire ainsi que la migration du système cartographique du DNF – ont empêché la finalisation de la rédaction des plans d’aménagement pour le 31 décembre 2023. Dès lors, Madame la Ministre, quelles sont les mesures prises pour s’assurer que cette nouvelle prolongation d’un an leur permettra d’adopter les plans d’aménagement forestier en temps et en heure, puis en parallèle ? C’est à présent la nouvelle structure Filière PW – Session 2023-2024 – CRIC n° 81 – Environnement – Mardi 9 janvier 2024 22 Bois Wallonie qui va assurer la certification PEFC de ces forêts. Il sera dès lors essentiel que Filière Bois Wallonie soit en mesure de mener cette nouvelle mission dans des délais serrés. Par ailleurs, dans le cadre des plans d’aménagement forestier, actuellement en consultation partout en Wallonie, le monde forestier s’émeut de la diminution constante ces 14 dernières années des volumes de bois feuillus mis en vente par le DNF. Selon les acteurs qui le composent, on couperait moins de 50 % de l’accroissement annuel des bois feuillus. Qu’est-ce qui explique cette diminution des volumes définis par le DNF ? Cette orientation a-t-elle été discutée au sein des Assises de la forêt, par exemple ? S’agit-il d’un point d’équilibre entre orientation écologique et économique ? Quels sont les retours de terrain sur cette diminution en ce qui concerne la vente des feuillus en forêt publique ? Un autre motif de questionnement de la part d’exploitants forestiers concerne les résineux scolytes. Selon eux, la volonté du DNF à garder des peuplements d’épicéas à plus de 30 ou 40 ans au-delà du cycle de vie, alors que le dépérissement est généralisé, semble difficilement justifiable et provoque un manque à gagner important pour certaines communes et peut-être même pour la Région. Ainsi, une analyse de cette orientation du DNF est- elle en cours ? Confirmez-vous cette orientation ? D’ailleurs, ne faudrait-il pas questionner aussi la lenteur à évacuer des arbres qui sont directement touchés, puisqu’il s’agit à la fois d’un problème sanitaire au niveau des forêts, mais aussi d’un manque à gagner public pour les propriétaires ?
Mme Tellier , Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal. – Monsieur le Député, la certification PEFC est importante. On l’a évoqué tout à l’heure à l’occasion du débat sur le développement durable. Elle propose un cadre qui invite les propriétaires publics et privés à respecter des standards de gestion durable reconnus au niveau international et élaborés avec la contribution des parties prenantes régionales. La reconnaissance de cette gestion durable à travers la certification offre de nombreux avantages aux communes, qu’ils soient d’ordre environnemental ou financier. Le Département de la nature et des forêts en a bien conscience, de même que mon cabinet, ces quatre dernières années, nous avons fourni de nombreux efforts, notamment en termes de ressources humaines, pour rattraper le retard accumulé dans la rédaction des plans d’aménagement forestiers. Mon administration me confirme que, sur les 49 propriétés en attente d’un plan aménagement, 34 seront en ordre courant 2024. En effet, celles-ci se trouvent actuellement en procédure d’adoption de leur plan. Pour les autres propriétés, j’ai demandé une analyse fine de chaque cas pour mettre en place la solution qui leur permettra d’être en ordre fin 2024. Le programme de travail initialement prévu a effectivement été retardé par diverses crises et par le changement de système cartographique du DNF. Ces problèmes sont à présent résolus et les retards actuels concernent plutôt des directions spécifiques. Bien que la connaissance des territoires concernés soit indispensable à la bonne réalisation des aménagements, le DNF s’efforcera de recentrer des forces vives dans les directions qui le nécessitent. Enfin, vous noterez que Filière Bois Wallonie n’a aucune participation dans la réalisation des plans d’aménagement pour les propriétaires publics. Au niveau des bois feuillus, mon administration me confirme la diminution des volumes mis en vente au profit des propriétés bénéficiant du régime forestier. Je lui ai dès lors demandé d’analyser ces chiffres, de les confronter aux retours de terrain et de rechercher les causes de cette diminution. Aucune résolution des Assises de la forêt n’est liée à cette diminution de volume récolté. Concernant les peuplements d’épicéas, il n’est pas dans la volonté du DNF de les conserver le plus longtemps possible. Je rappelle d’ailleurs que ceux-ci s’avèrent potentiellement sensibles aux attaques de scolytes. Les peuplements d’épicéas en place sont exploités de manière à assurer des revenus réguliers aux propriétaires publics et à alimenter la filière bois. La priorité est toutefois donnée aux peuplements en situation défavorable ou marquant des signes de dépérissement. Lorsqu’une attaque de scolytes est constatée, les arbres concernés sont marqués et vendus, souvent via des contrats permettant une intervention rapide. On ne constate aucun manque à gagner pour les propriétaires publics. Là où il n’est pas en station, l’épicéa sera remplacé par des essences mieux adaptées aux conditions locales. En conclusion, nous poursuivons, avec mon administration et mon cabinet, la mise en place d’une gestion durable et résiliente de nos forêts wallonnes.
Merci pour cette réponse détaillée parce qu’elle aborde, c’est vrai, plusieurs points différents. Le premier point, ce sont les Plans d’aménagement forestier. Vous nous précisez que 39 d’entre eux seraient très clairement en ordre avant la fin de l’année. Il en reste 10 pour lesquels une analyse est en cours. On suivra cela de près parce que c’est important. 23 PW – Session 2023-2024 – CRIC n° 81 – Environnement – Mardi 9 janvier 2024 Il est essentiel également que le DNF se mette en capacité, là où ce n’est pas encore le cas, de réaliser ces plans d’aménagement. Je serai également attentif à l’analyse que vous avez demandée concernant la diminution des volumes de feuillus dans les forêts publiques, parce que, vous vous en doutez, c’est un point de préoccupation pour des forestiers. Puis, pour les épicéas, on est tous conscients de l’urgence de sortir les spécimens scolytés. Je serai attentif à la suite de ce dossier et spécifiquement sur le remplacement des épicéas qui ne sont pas en station par d’autres essences mieux adaptées à nos nouvelles conditions climatiques.